La "Conscience-Energie" structure de l'homme et de l'univers

Ses implications scientifiques et spirituelles

Dr Thérèse Brosse

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A l'être humain inconnu qui, à son insu, recèle toute la grandeur de l'Humanité, Puisse-t-il réaliser ce qu'il est.

Introduction

Nous entrons dans une ère de mutations, d'incessantes remises en question et les problèmes qui naissent avec notre époque ne trouveront pas leurs solutions dans les seules valeurs élaborées au cours des siècles.

Au nombre de ces problèmes, s'il en est un fondamental, c'est bien celui de l'être humain, de sa nature, de sa constitution, de ses possibilités, de son avenir, car il nous pose les questions les plus angoissantes.

La réalisation de gigantesques progrès techniques a supprimé les barrières du temps et de l'espace. Elle nous a nantis d'instruments propres à organiser rationnellement notre monde pour y supprimer la misère, et paradoxalement, notre globe n'a jamais connu un tel, danger de destruction. L'état de déséquilibre planétaire qui s'impose à nos regards accuse implacablement l'homme dont, par ailleurs, nous célébrons le génie et les découvertes. C'est que, chez la majorité de nos contemporains, l'esprit humain oppose encore une résistance à l'édification d'une solidarité susceptible de nous donner des institutions conformes au plus haut degré de la conscience moderne.

Quel est donc cet être qui revêt le visage de l'"espèce humaine" plutôt que celui de l'"humanité" et que des disciplines scientifiques, sans cesse plus nombreuses, ne parviennent pas à cerner dans son intégralité ?

Une telle connaissance doit s'élaborer aujourd'hui dans le cadre élargi d'une approche pluridisciplinaire, admettre toutes les sciences qui sont à l'avant-garde du progrès, inclure dans ses investigations des états de conscience que, récemment encore, la science se refusait à aborder. Mais, plus encore, lorsque s'avère indispensable la découverte d'un chaînon inconnu, en vue de l'édification d'une synthèse valable, on ne devra pas craindre de chercher, dans une tradition orientale millénaire, plus riche et plus documentée que la nôtre, l'hypothèse qui transposerait notre travail dans une instance plus haute. Peut-être constaterions-nous que, judicieusement intégrée, elle présenterait une validité structurale et fonctionnelle, conforme aux lois les plus rigoureuses de notre neuro-physiologie.

Deux grandes avenues scientifiques s'offrent aujourd'hui à nos investigations en même temps qu'elles confèrent une plénitude et une qualité nouvelles aux éléments de notre compréhension et de notre interprétation. Traitant, en apparence, des deux aspects les plus opposés de la manifestation, à savoir : la matière et la conscience, leur rapprochement est susceptible d'éclairer. d'un jour nouveau notre conception de l'Univers et de l'Homme. Ce sont :

- D'une part, les découvertes de la microphysique qui, avec la théorie des quanta, font surgir, de la matérialité apparente et illusoire, une vie sans cesse renouvelée.

- D'autre part, l'intérêt que manifestent pour la conscience certains groupes de chercheurs et qui tend à s'organiser en véritable science (2), en raison du nombre considérable des enregistrements et des contrôles de laboratoire, parallèlement aux travaux sur la physiologie du cortex cérébral.

Toutefois, ces travaux, n'envisagent jamais que les états de conscience psychiques, la conscience "mentale" qui nous est familière, alors même qu'il s'agisse de manifestations "inhabituelles" de cette conscience, de type métaphysique (extatique) (3) ou parapsychologique (4). De même lorsqu'ils traitent de l'éventuelle intervention de la conscience de l'observateur, dans les phénomènes quantiques (5).

Une importance primordiale est également accordée à la conscience, dans un groupement universitaire des Etats-Unis dont Raymond Ruyer nous rapporte la tendance essentielle dans " la gnose de Princeton " (6). La conscience n'y est pas opposée à la matière mais en constitue, au contraire, la seule étoffe. L'univers n'est fait que de formes de conscience et de leurs interactions. L'information donnée par la conscience est considérée comme l'"endroit" de la connaissance, alors que le matérialisme, estimant que tout est "objet", n'en donnait que l'"envers ".

Néanmoins, aucune de ces recherches ne nous informe sur la nature de la conscience.

Pour nous qui nous proposons d'élaborer une structure humaine ayant pour base ou, plus exactement, pour sommet et pour seule réalité la Conscience, ces nouvelles attitudes scientifiques et la rigueur de leur présentation ne sont cependant pas sans intérêt. Elles encouragent et justifient nos hypothèses qui ne craignent pas d'entrer hardiment dans une ère nouvelle de la recherche, à cet égard.

En effet, tout en appréciant l'accumulation des témoignages qui intensifient chaque jour l'importance de la conscience, notre but fut d'emblée plus ambitieux:

Plutôt qu'une contribution parcellaire aux sciences humaines, nous rêvions d'édifier une synthèse susceptible de présenter l'être humain dans l'intégralité de sa structure et de ses processus fonctionnels, en élucidant ses rapports avec l'Univers.

Notre exigence de vérité ne pouvait plus accepter d'envisager l'homme qualifié de "cet inconnu" (7). D'ailleurs Carrel ne disait-il pas lui-même : "Le moment est venu de commencer I'oeuvre de rénovation, la Reconstruction de l'homme" ? Nous voulions déchiffrer à tout prix (à nos propres yeux, cela s'entend, sans tenter d'induire aucune conviction), le mystère de "cet être unique" ainsi que le dénomme julian Huxley (8), "doté d'un pouvoir de maîtrise infini s'il lui plaît de l'exercer... et engagé dans une gigantesque expérience évolutive".

Il était de bon ton, dans les sciences d'un passé encore récent, qu'un chercheur ne se permette pas d'écrire sur un sujet dont il n'avait pas une connaissance de première main et partant, la maîtrise. Erwin Schrodinger nous le rappelle mais il insiste également sur le fait que nous avons hérité de nos ancêtres le besoin d'une science qui embrasserait tout dans son unité et que, dans l'antiquité et quelques siècles durant, c'est à l'aspect "universel" de la science qu'il était accordé quelque crédit (9).

Depuis lors, la multiplication croissante des disciplines et des spécialisations nous a mis dans l'impossibilité d'approfondir toutes les connaissances. Devant ce dilemme, ce grand savant souhaite que quelques-uns d'entre nous "s'embarquent dans une synthèse de faits et de théories" dont ils n'ont qu'une connaissance incomplète et de seconde main, au risque de passer pour des extravagants.

En une telle déclaration de cet éminent physicien réside notre excuse, s'il en était besoin.

Mais, une synthèse digne de ce nom requiert des exigences impérieuses. Elle se doit d'être pragmatique, de respecter les lois d'intégration anatomique et de subordination fonctionnelle auxquelles obéit le système nerveux. Pour ce faire, il importe qu'elle soit constituée de niveaux hiérarchisés dans le cadre d'une unité conférée par le niveau supérieur d'intégration. Son activité normale doit exprimer des lois biologiques dont on puisse incriminer la violation lors des errements fonctionnels. La connaissance des mécanismes de maîtrise doit pourvoir rendre compte de la raison de ces défaillances.

Une telle esquisse structurale, à la fois statique et dynamique, ne doit pas non plus demeurer figée dans un tableau intemporel que pourrait présenter le musée de l'homme. Elle doit être assortie d'une anthropogénèse qui deviendra la clef de la compréhension sur "la voie du retour" et indiquera le chemin à parcourir. L'être humain, d'où il vient, où il va... ces perspectives doivent permettre de faire le point de "ce qu'il est".

C'est assez dire que nos sciences occidentales, aussi attentives qu'elles soient à de nombreux aspects de la conscience, ne sauraient nous permettre de tenter une synthèse avec les seuls éléments que leurs découvertes, prestigieuses cependant, mettent à notre disposition. Les phénomènes qu'elles étudient se rapportent uniquement, nous l'avons signalé à l'activité de la conscience psychique. Quelles que soient ses modalités inhabituelles, elles se déroulent toujours dans le cadre dualiste de la psycho-somatique.

Or, c'est précisément à ce niveau psychique que nous voyons se constituer les défaillances et les déviations, individuelles ou sociales, dont souffre notre humanité présente. C'est là que nous enregistrons des échecs insurmontables, dans les tentatives de correction ou de rééducation.

Les "Gnostiques de Princeton" qui, à ce niveau psychique, ont une "volonté de technique" concernant les comportements souhaitables et cherchent des "montages" efficaces, reconnaissent que c'est par une division arbitraire de l'égo que se poursuit un dialogue entre ses deux moitiés: le "Je" témoin, sorte de Dieu humoristique, dit au "Je" naïf qu'il observe: "Tu t'y es mal pris, mais tu pourras t'y prendre mieux". Le sage hindou en soulignant l'inanité d'un tel procédé, confirme: une partie du mental se déguise en gendarme, tandis que l'autre est le voleur. Aucune harmonie mentale ne saurait résulter d'un tel procédé, alors qu'il s'agit, non seulement de se "connaître soi-même", mais, en définitive, de s'"édifier soi-même"; on insiste d'ailleurs sur ce point à Princeton.

C'est alors qu'il convient de rappeler la loi de neuro-physiologie statuant que la simple mise en jeu d'un niveau supérieur de la structure cérébrale subordonne automatiquement les niveaux sous-jacents. Transposant cette loi sur le plan psychique, dans le traitement des troubles cardiaques psychosomatiques, nous avons, à maintes reprises, vérifié expérimentalement, la subordination de l'émotion diencéphalique et des déréglements qu'elle engendre à une activité intellectuelle relevant du niveau cortical sus-jacent.

De la même façon, il apparaît raisonnable d'imaginer que la nature nous ait pourvus d'un niveau supérieur susceptible de mettre un frein à nos incessantes perturbations psychiques avec leurs cogitations incoercibles.

On chercherait en vain, dans nos sciences psychologiques, la mention ou même l'hypothèse d'un tel niveau, de nature biologique lui aussi, constituant un sommet énergétique fonctionnellement efficace. La conscience n'est jusqu'ici traitée que dans ses associations avec l'intellect, l'affectivité, la physiologie.

Ce sont nos missions en Inde qui, nous le verrons, nous ont révélé une ouverture possible vers un élargissement scientifique de ce problème humain, cela, grâce à la structure trinitaire,,tout entière dominée par la " Conscience-Energie ", à la fois transcendante et immanente. Son dynamisme est à la base de la pratique du yoga.

Alors surgit la question fondamentale pour les non-pratiquants de cette discipline. Quel est, dans la vie courante, le statut fonctionnel de ce niveau intégrait ?

Il va de soi que c'est une fonction d'"attention ". C'est ici qu'intervient alors une discrimination capitale à laquelle nous exhorte le Shakta Vedanta : l'attention sélective de notre ego n'appréhende qu'une section de la réalité.; c'est seulement lorsqu'elle devient " a-centrique " et impartiale que l'homme se rapproche de la Réalisation. Krishnamurti insiste également sur cette distinction, lui qui ne se réfère qu' à sa seule intériorité, en dehors de toute tradition, quelle qu'elle soit. Cette attention totale, sans effort (différente en cela de la concentration), doit être dégagée de tout conditionnement, sans choix, sans jugement, en fait, hors de la "dualité". Nous reconnaissons là une conscience dégagée du psychisme, un acte de "conscience pure" d'une efficacité constante; nous l'avons vérifié sur nous-même aussi bien que dans notre clientèle médicale.

Pourquoi cette efficacité sans effort ? Une seule réponse possible : la mise en jeu d'un niveau supérieur qui actualise la "loi de subordination". M. Mircea Eliade considère la "conscience-témoin" comme "l'une des plus grandes découvertes de l'Inde" (10). Toutefois, selon Sri Ramana Maharshi, le terme de "conscience-témoin" ne convient pas du fait qu'il implique un sujet et un objet alors que cette dualité n'existe pas dans la Conscience. (11) Lui-même précise également "Consciousness is awareness ", une attention sans dualité, une simple "présence lucide " de la Conscience pure.

Cette attitude arrête immédiatement le flot incessant de nos pensées incontrôlées. Or, la "stabilisation mentale" constitue la condition "sine -qua non" de l'accession à la Conscience supérieure. Elle est capitale dans le yoga les aphorismes de Patanjali lui donnent une valeur de définition "Yoga consiste à empêcher les fluctuations mentales. Alors le SOI (la Conscience pure) réside en son état propre. Dans les autres cas, il s'identifie à l'activité mentale. " (12)

Tel est, dans ses grandes lignes, le sens de l'exposé que développent les chapitres qui suivent - une recherche qui, orientée vers la "science de l'Homme intégral ", découvre, chemin faisant, la "Réalité" insoupçonnée que recèle cette intégralité.

Après avoir attribué à la "Conscience-Energie" la totalité de la structure humaine qu'elle a engendrée de sa propre substance, niveau par niveau, et qu'elle a seule le pouvoir d'organiser en tant que niveau supérieur, il peut sembler plus téméraire encore de lui attribuer le même rôle à l'égard de l'Univers.

Il l'eût été certainement au début du siècle, alors que la science n'avait pas encore invalidé la conception naïve qui, avec le sens commun reconnaissait à cet Univers une existence autonome, différente de l'être humain et, à la matière, une objectivité indiscutable.

Il eût été plus utopique encore de ne se référer qu'à la seule tradition millénaire d'une culture étrangère, pour étayer une synthèse à l'encontre des données du "scientisme" d'alors.

Aujourd'hui, c'est même à regret que nous formulons ce titre qui associe, par une conjonction de coordination, l'Homme et l'Univers. Dans notre esprit, il serait plus juste de traiter de l'"Homme-Univers" ainsi qu'on le fait pour l'" espace-temps", ou bien encore de n'employer que le terme unique de "manifestation" qui, en sémantique se doit de supplanter la "création" entachée de métaphysique. La "Conscience-Energie" en tant que structure de la "manifestation" nous eût sernblé un titre approprié mais certainement trop "hermétique" pour les lecteurs peu entraînés à une "unification" aussi apparemment désinvolte de l'anthropogénèse et de la cosmogénèse.

Pour qui est susceptible de concevoir avec "bienveillance, une structure unitaire de l'homme et de l'univers, la "Conscience-Energie" fournit la seule hypothèse efficace et logique. Elle rend compte de la multiplicité des découvertes scientifiques qui submergent le savant de leur flot ininterrompu et qui, en microphysique, ne lui permettent pas encore de les ordonner en une théorie générale satisfaisante. Ils attendent, disent-ils, cette "théorie générale", cette "découverte merveilleuse" qui donnerait un sens à ce puzzle dont il existe déjà tant de fragments (13).

Il n'y a rien à "découvrir", à vrai dire, mais à tenter d'utiliser, là où elle se trouve, la synthèse, ou mieux l'"intégration" qui, utilisant toutes les découvertes partielles conforines aux vérités "révélées", les incorpore dans un cadre d'ensemble qui ne saurait en rien heurter la science moderne. Cette dernière pose une question ultime concernant la source première de cette énergie " cryptogénétique " pourrait-on dire. La réponse lui est donnée ; pourquoi ne pas la mettre à l'épreuve à titre d'hypothèse ou même de postulat selon la " mentalité " du savant intéressé ?

"La physique contemporaine nous oblige à douter de la réalité du monde physique" nous dit Pierre Rousseau. C'est plus qu'un doute auquel nous sommes invités, c'est un acte de foi vis-à-vis de cette "non réalité". La matière est, en fait, constituée de particules qui ne sont que les points de rencontre d'"ondes de probabilité " et qui risquent de n'être plus qu'une singularité mathérnatique. "Pas de particules, pas de matière, pas de matière, pas de monde extérieur". Voilà où nous en sommes du point de vue de la microphysique,... mais, plus exactement, "pas de monde extérieur indépendant de l'observateur". Ce que nous connaissons des phénomènes est ce qui s'en manifeste lorsque nous intervenons. "La matière est une image dans notre esprit" déclare Schrôdinger (14). La notion d'"événement" a remplacé celle d'"élément".

Sous une autre forme, le spécialiste de la " systématisation énergétique", Stéphane Lupasco (15), nous informe du processus énergétique qui engendre l'illusion de la matière en même temps qu'il définit la conscience sous une forme énergétique également . "Un objet se présente comme une systématisation énergétique douée d'une certaine résistance... qui confère à notre représentation sensible l'impression de réalité physique, consistante et opaque, que nous appelons matière". De ce fait, "L'Univers est pour ainsi dire un rêve dont est faite la trame du monde ". Et, par ailleurs, "La conscience est la réalité énergétique potentielle elle-même; dans sa potentialité, elle est à la fois "causalité" et "finalité" je ne prends pas conscience de... je suis conscience... l'objet est dans la conscience parce qu'il est potentialité comme la conscience elle-même. Il n'existe pas de dualité " sujet-objet ".

De même en ce qui concerne l'illusion de notre matière cérébrale "Lorsque parlant du cerveau et de localisations, on imagine une substance corticale, une "matière nerveuse ", en fait, il ne s'agit que de localisations de "l'énergie dans l'énergie". Dans notre constitution humaine coexistent trois systèmes énergétiques de qualités dynamiques différentes, d'où trois matières (énergétiques) différentes. Mais, la question se pose :

    "D'où vient cette énergie que nous sommes appelés à postuler ? " (16).

On imagine alors aisément que la réponse que nous proposons s'insère tout naturellement dans une telle optique.

Les savants de l'Université de Princeton attachent une égale importance, à la fois à l'énergie et à la conscience, en insistant sur l'illusion de la matière. Pour eux, l'esprit crée une résistance sous forme de matière et les êtres n'ont pas de corps;"ils ne sont pas corps". La conscience est présence absolue.

Telles sont les différentes assertions de la science moderne. Dans ces conditions, comment pourrions-nous être dépaysés lorsque nous lisons dans le Shakta Vedanta que l'Univers est énergie et que l'Energie est Conscience, que le mental humain et la matière sont deux aspects jumeaux d'une seule Conscience, en tant que "pouvoir", que la dualité "sujet-objet" est une illusion et quand un Sage hindou nous affirme par "expérience intérieure" que "rien de ce qui est vu n'est réel... que la vie est un rêve" ?

Nous pouvons également effectuer sous un autre angle, les rapprochements entre la physique et la Tradition, pour introduire la notion de "Conscience en tant que structure de l'Univers".

Le physicien jean Charon s'est attaché et a réussi à inclure la théorie des quanta dans la Relativité Restreinte d'Einstein qui postulait un "continuum espace-temps" comme expression de la réalité concernant l'Univers. Il eut ainsi une théorie unitaire de l'Univers, exprimée en " continuum espace-temps " (17 et 18).

C'est alors que nous trouvons dans le Shakta Vedanta que le "continuum de la Conscience " est, en tant qu'énergie primordiale l'Espace-Temps et cela, avec l'antagonisme des deux termes "espace" et "temps" comme dans l'"espace-temps de systématisation" de S. Lupasco ("CIT Continuum = KALA = DIK") (Conscience Continuum = temps = Espace). Cette assimilation de la "Conscience-Energie " à l'espace-temps en tant que continuum ne définit-elle pas la Conscience comme structure même de lunivers ? (19).

Cette même Conscience étant, par ailleurs, de la même façon, la structure de l'organisme humain, ne sommes-nous pas en présence d'une théorie unitaire de l'Homme-Univers ou de la "manifestation" ?

Nous pensons avoir donné, dans ce bref aperçu, suffisamment d'exemples, pour réaliser sans surprise que, si la "Conscience-énergie" est la " clef " de la structure humaine, elle est obligatoirement celle de l'Univers puisqu'elles sont toutes deux, les aspects d'une même manifestation.

Dans un ouvrage consacré au symbolisme architectural du temple de Louxor et intitulé " Le Temple dans l'Homme " (20), un égyptologue n'hésite pas lui-même à écrire : " L'Univers n'est que Conscience et ne présente qu'une évolution de Conscience, de l'origine à sa fin qui est retour à sa cause ". Et, plus loin "L'univers n'existe pour nous que par notre conscience. "De même" La nature et l'Homme ne Sont qu'un. " On reconnaît là des déclarations inspirées par le Vedanta.

La densité de cette introduction, fastidieuse peut-être, ne nous a pas semblé inutile pour éviter au lecteur de se perdre dans les digressions qui risquent, chemin faisant, d'obscurcir l'essentiel pour un sujet aussi inhabituel et peut-être déroutant à certains égards.

Le dernier chapitre qui prolonge une science de l'homme par l'exploration de l'ultime intériorité, exclusivement subjective, se devait, lui aussi, de figurer dans un ouvrage qui veut traiter de l'homme "intégral ".

Quelques lecteurs trouveront peut-être, dans ces pages, une résonance avec leurs propres aspirations. Mais les voies sont multiples qui mènent à la Vérité et la meilleure est, pour chacun, celle qu'il découvre lui-même et qui réalise sa destinée.  

(1) MARCAULT (J.-E.) et BROSSE (Thérèse). L'Education de Demain. La Biologie de l'Esprit et ses applications pédagogiques. Préface de ch. LAUBRY. Paris Alcan 1939. Bibliothèque de Philosophie Contemporaine. 20 édit. Paris Adyar 1949.

(2) ETVENON (Pierre). Vers une science des états de conscience. Rapport présenté à la 3e semaine internationale de Yoga. Zinal 3 septembre 1975.

(3) BRUNO (Jean). Extase, Transe, Expérimentation. In : " Critique" mai 1973. Pages 413 à 446.

(4) OSTRADER (Sheila) et SCHROEDER (Lynn). Fantastiques recherches parapsychiques en URSS. Paris Robert Laffont. Les énigmes de l'Univers 1973.

(5) WALKER (Evan. Harris). Consciousness in quantum theory. In : " The Journal for the study of consciousness ". Vol. 5, no 1, p. 46, et vol. 5, n, 2, p. 257, 1972-73.

(6) RUYER (Raymond). La Gnose de Princeton. Paris Fayard 1975

(7) CARREL (Alexis). L'homme, cet inconnu. Paris Plon 1935.

(8) HUXLEY (Julian). L'homme, cet être unique. La Presse française et étrangère. Oreste Zeluck. Paris 1941.

(9) SCHRODINGER.(Erwin). What is life? Cambridge University Presse 1955 (préface).

(10) ELIADE (Mircea). Le Yoga, immortalité et liberté. Paris Payot 1954. p14.

(11) MAHA YOGA. Teachings of BAGHAVAN Sri RAMANA MAHARSHI. by " WHO ". Sri Ramanasramam. Tiruvannamalai 195O.

(12) PATANJALI (W.) Aphorismes. The Yoga system of PATANJALI or the Ancient hindu Doctrine of concentration of mind. By James HAUGHTON WOODS. Harvard Oriental series. Vol. 17, p. XXX, Cambridge, Mass. The Harvard University Press 1927.

(13) ROUSSEAU (Pierre). Voyage au bout de la science. Paris Hachette 1963. P. 187 à 191.

(14) SCHRODINGER (Erwin). Science et Humanisme. " La physique de notre temps". Desclée de Brower. Textes et Etudes philosophiques. 1954. P. 29.

(15) LUPASCO (Stéphane). Les trois Matières. Paris Julliard 1960. P. 15, 16, 136, 158.

(16), LUPASCO (Stéphane). L'énergie et la matière psychique. Paris Julliard 1974.

(17) CHARON (Jean-E.). Du temps, de l'espace et des hommes. Edit.du Seuil. Paris 1962, P. 43.

(18) CHARON (Jean-E.). L'homme à sa découverte. Edit. du Seuil. Paris 1963. P. 49 à 53.

(19) WOODROFFE (Sir John). The World as Power. Ganesh & Co. Madras. Private L.T.D. 1957. P. 310, 332.

(20) SCHWALLER DE LUBICZ (R.A.). Le temple dans l'homme. Le Caire. Imprimerie Scindler 1949. P. 11, 41, 108.