A
l'être humain inconnu qui, à son insu,
recèle toute la grandeur de l'Humanité,
Puisse-t-il réaliser ce qu'il est.
Introduction
Nous entrons dans une ère de
mutations, d'incessantes remises en question et les
problèmes qui naissent avec notre époque ne
trouveront pas leurs solutions dans les seules valeurs
élaborées au cours des siècles.
Au nombre de ces problèmes, s'il
en est un fondamental, c'est bien celui de l'être
humain, de sa nature, de sa constitution, de ses
possibilités, de son avenir, car il nous pose les
questions les plus angoissantes.
La réalisation de gigantesques
progrès techniques a supprimé les
barrières du temps et de l'espace. Elle nous a nantis
d'instruments propres à organiser rationnellement
notre monde pour y supprimer la misère, et
paradoxalement, notre globe n'a jamais connu un tel, danger
de destruction. L'état de déséquilibre
planétaire qui s'impose à nos regards accuse
implacablement l'homme dont, par ailleurs, nous
célébrons le génie et les
découvertes. C'est que, chez la majorité de
nos contemporains, l'esprit humain oppose encore une
résistance à l'édification d'une
solidarité susceptible de nous donner des
institutions conformes au plus haut degré de la
conscience moderne.
Quel est donc cet être qui
revêt le visage de l'"espèce humaine"
plutôt que celui de l'"humanité" et que des
disciplines scientifiques, sans cesse plus nombreuses, ne
parviennent pas à cerner dans son
intégralité ?
Une telle connaissance doit
s'élaborer aujourd'hui dans le cadre élargi
d'une approche pluridisciplinaire, admettre toutes les
sciences qui sont à l'avant-garde du progrès,
inclure dans ses investigations des états de
conscience que, récemment encore, la science se
refusait à aborder. Mais, plus encore, lorsque
s'avère indispensable la découverte d'un
chaînon inconnu, en vue de l'édification d'une
synthèse valable, on ne devra pas craindre de
chercher, dans une tradition orientale millénaire,
plus riche et plus documentée que la nôtre,
l'hypothèse qui transposerait notre travail dans une
instance plus haute. Peut-être constaterions-nous que,
judicieusement intégrée, elle
présenterait une validité structurale et
fonctionnelle, conforme aux lois les plus rigoureuses de
notre neuro-physiologie.
Deux grandes avenues scientifiques
s'offrent aujourd'hui à nos investigations en
même temps qu'elles confèrent une
plénitude et une qualité nouvelles aux
éléments de notre compréhension et de
notre interprétation. Traitant, en apparence, des
deux aspects les plus opposés de la manifestation,
à savoir : la
matière et la
conscience, leur rapprochement est susceptible
d'éclairer. d'un jour nouveau notre conception de
l'Univers et de l'Homme. Ce sont :
- D'une part, les découvertes de
la microphysique qui, avec la théorie des quanta, font
surgir, de la matérialité apparente et
illusoire, une vie sans cesse renouvelée.
- D'autre part, l'intérêt
que manifestent pour la conscience
certains groupes de chercheurs et
qui tend à s'organiser en véritable science
(2), en raison du nombre considérable des
enregistrements et des contrôles de laboratoire,
parallèlement aux travaux sur la physiologie du
cortex cérébral.
Toutefois, ces travaux, n'envisagent
jamais que les états de conscience psychiques, la
conscience "mentale" qui nous est familière, alors
même qu'il s'agisse de manifestations "inhabituelles"
de cette conscience, de type métaphysique (extatique)
(3) ou parapsychologique (4). De même lorsqu'ils
traitent de l'éventuelle intervention de la
conscience de l'observateur, dans les
phénomènes quantiques (5).
Une importance primordiale est
également accordée à la conscience,
dans un groupement universitaire des Etats-Unis dont Raymond
Ruyer nous rapporte la tendance essentielle dans " la gnose
de Princeton " (6). La conscience n'y est pas opposée
à la matière mais en constitue, au contraire,
la seule étoffe. L'univers n'est fait que de formes
de conscience et de leurs interactions. L'information
donnée par la conscience est considérée
comme l'"endroit" de la connaissance, alors que le
matérialisme, estimant que tout est "objet", n'en
donnait que l'"envers ".
Néanmoins, aucune de ces
recherches ne nous informe sur la nature de la
conscience.
Pour nous qui nous proposons
d'élaborer une structure
humaine ayant pour base ou, plus
exactement, pour sommet
et pour seule réalité la
Conscience, ces nouvelles
attitudes scientifiques et la rigueur de leur
présentation ne sont cependant pas sans
intérêt. Elles encouragent et justifient nos
hypothèses qui ne craignent pas d'entrer hardiment
dans une ère nouvelle de la recherche, à cet
égard.
En effet, tout en appréciant
l'accumulation des témoignages qui intensifient
chaque jour l'importance de la conscience, notre but fut
d'emblée plus ambitieux:
Plutôt qu'une contribution
parcellaire aux sciences humaines, nous rêvions
d'édifier une synthèse susceptible de
présenter l'être humain dans
l'intégralité de sa structure et de ses
processus fonctionnels, en élucidant ses rapports
avec l'Univers.
Notre exigence de vérité ne
pouvait plus accepter d'envisager l'homme qualifié de
"cet inconnu" (7). D'ailleurs Carrel ne disait-il pas
lui-même : "Le moment est venu de commencer I'oeuvre
de rénovation, la Reconstruction de l'homme" ? Nous
voulions déchiffrer à tout prix (à nos
propres yeux, cela s'entend, sans tenter d'induire aucune
conviction), le mystère de "cet être unique"
ainsi que le dénomme julian Huxley (8), "doté
d'un pouvoir de maîtrise infini s'il lui plaît
de l'exercer... et engagé dans une gigantesque
expérience évolutive".
Il était de bon ton, dans les
sciences d'un passé encore récent, qu'un
chercheur ne se permette pas d'écrire sur un sujet
dont il n'avait pas une connaissance de première main
et partant, la maîtrise. Erwin Schrodinger nous le
rappelle mais il insiste également sur le fait que
nous avons hérité de nos ancêtres le
besoin d'une science qui embrasserait tout dans son
unité et que, dans l'antiquité et quelques
siècles durant, c'est à l'aspect "universel"
de la science qu'il était accordé quelque
crédit (9).
Depuis lors, la multiplication croissante
des disciplines et des spécialisations nous a mis
dans l'impossibilité d'approfondir toutes les
connaissances. Devant ce dilemme, ce grand savant souhaite
que quelques-uns d'entre nous "s'embarquent dans une
synthèse de faits et de théories" dont ils
n'ont qu'une connaissance incomplète et de seconde
main, au risque de passer pour des extravagants.
En une telle déclaration de cet
éminent physicien réside notre excuse, s'il en
était besoin.
Mais, une synthèse digne de ce nom
requiert des exigences impérieuses. Elle se doit
d'être pragmatique, de respecter les lois
d'intégration anatomique et de subordination
fonctionnelle auxquelles obéit le système
nerveux. Pour ce faire, il importe qu'elle soit
constituée de niveaux hiérarchisés dans
le cadre d'une unité conférée par le
niveau supérieur d'intégration. Son
activité normale doit exprimer des lois biologiques
dont on puisse incriminer la violation lors des errements
fonctionnels. La connaissance des mécanismes de
maîtrise doit pourvoir rendre compte de la raison de
ces défaillances.
Une telle esquisse structurale, à
la fois statique et dynamique, ne doit pas non plus demeurer
figée dans un tableau intemporel que pourrait
présenter le musée de l'homme. Elle doit
être assortie d'une anthropogénèse qui
deviendra la clef de la compréhension sur "la voie du
retour" et indiquera le chemin à parcourir.
L'être humain, d'où il vient, où il
va... ces perspectives doivent permettre de faire le point
de "ce qu'il est".
C'est assez dire que nos sciences
occidentales, aussi attentives qu'elles soient à de
nombreux aspects de la conscience, ne sauraient nous
permettre de tenter une synthèse avec les seuls
éléments que leurs découvertes,
prestigieuses cependant, mettent à notre disposition.
Les phénomènes qu'elles étudient se
rapportent uniquement, nous l'avons signalé à
l'activité de la conscience psychique. Quelles que
soient ses modalités inhabituelles, elles se
déroulent toujours dans le cadre dualiste de la
psycho-somatique.
Or, c'est précisément
à ce niveau psychique que nous voyons se constituer
les défaillances et les déviations,
individuelles ou sociales, dont souffre notre
humanité présente. C'est là que nous
enregistrons des échecs insurmontables, dans les
tentatives de correction ou de
rééducation.
Les "Gnostiques de Princeton" qui,
à ce niveau psychique, ont une "volonté de
technique" concernant les comportements souhaitables et
cherchent des "montages" efficaces, reconnaissent que c'est
par une division arbitraire de l'égo que se poursuit
un dialogue entre ses deux moitiés: le "Je"
témoin, sorte de Dieu humoristique, dit au "Je"
naïf qu'il observe: "Tu t'y es mal pris, mais tu
pourras t'y prendre mieux". Le sage hindou en soulignant
l'inanité d'un tel procédé, confirme:
une partie du mental se déguise en gendarme, tandis
que l'autre est le voleur. Aucune harmonie mentale ne
saurait résulter d'un tel procédé,
alors qu'il s'agit, non seulement de se "connaître
soi-même", mais, en définitive, de
s'"édifier soi-même"; on insiste d'ailleurs sur
ce point à Princeton.
C'est alors qu'il convient de rappeler la
loi de neuro-physiologie statuant que la simple mise en jeu
d'un niveau supérieur de la structure
cérébrale subordonne automatiquement les
niveaux sous-jacents. Transposant cette loi sur le plan
psychique, dans le traitement des troubles cardiaques
psychosomatiques, nous avons, à maintes reprises,
vérifié expérimentalement, la
subordination de l'émotion diencéphalique et
des déréglements qu'elle engendre à une
activité intellectuelle relevant du niveau cortical
sus-jacent.
De la même façon, il
apparaît raisonnable d'imaginer que la nature nous ait
pourvus d'un niveau supérieur susceptible de mettre
un frein à nos incessantes perturbations psychiques
avec leurs cogitations incoercibles.
On chercherait en vain, dans nos sciences
psychologiques, la mention ou même l'hypothèse
d'un tel niveau, de nature biologique lui aussi, constituant
un sommet énergétique fonctionnellement
efficace. La conscience n'est jusqu'ici traitée que
dans ses associations avec l'intellect,
l'affectivité, la physiologie.
Ce sont nos missions en Inde qui, nous le
verrons, nous ont révélé une ouverture
possible vers un élargissement scientifique de ce
problème humain, cela, grâce à la
structure trinitaire,,tout entière dominée par
la " Conscience-Energie ", à la fois transcendante et
immanente. Son dynamisme est à la base de la pratique
du yoga.
Alors surgit la question fondamentale
pour les non-pratiquants de cette discipline. Quel est, dans
la vie courante, le statut
fonctionnel de ce niveau intégrait ?
Il va de soi que c'est une fonction
d'"attention ". C'est ici qu'intervient alors une
discrimination capitale à laquelle nous exhorte le
Shakta Vedanta : l'attention sélective de
notre ego n'appréhende qu'une section de la
réalité.; c'est seulement lorsqu'elle devient
" a-centrique " et impartiale que l'homme se rapproche de la
Réalisation. Krishnamurti insiste également
sur cette distinction, lui qui ne se réfère
qu' à sa seule intériorité, en dehors
de toute tradition, quelle qu'elle soit. Cette attention
totale, sans effort (différente en cela de la
concentration), doit être dégagée de
tout conditionnement, sans choix, sans jugement, en fait,
hors de la "dualité". Nous reconnaissons là
une conscience dégagée du psychisme, un acte
de "conscience pure" d'une efficacité constante; nous
l'avons vérifié sur nous-même aussi bien
que dans notre clientèle médicale.
Pourquoi cette efficacité sans
effort ? Une seule réponse possible : la mise en jeu
d'un niveau supérieur qui actualise la "loi de
subordination". M. Mircea Eliade considère la
"conscience-témoin" comme "l'une des plus grandes
découvertes de l'Inde" (10). Toutefois, selon Sri
Ramana Maharshi, le terme de "conscience-témoin" ne
convient pas du fait qu'il implique un sujet et un objet
alors que cette dualité n'existe pas dans la
Conscience. (11) Lui-même précise
également "Consciousness is awareness ", une
attention sans dualité, une simple "présence
lucide " de la Conscience pure.
Cette attitude arrête
immédiatement le flot incessant de nos pensées
incontrôlées. Or, la "stabilisation mentale"
constitue la condition "sine -qua non" de l'accession
à la Conscience supérieure. Elle est capitale
dans le yoga les aphorismes de Patanjali lui donnent une
valeur de définition "Yoga consiste à
empêcher les fluctuations mentales. Alors le SOI (la
Conscience pure) réside en son état propre.
Dans les autres cas, il s'identifie à
l'activité mentale. " (12)
Tel est, dans ses grandes lignes, le sens
de l'exposé que développent les chapitres qui
suivent - une recherche qui, orientée vers la
"science de l'Homme intégral ", découvre,
chemin faisant, la "Réalité"
insoupçonnée que recèle cette
intégralité.
Après avoir attribué
à la "Conscience-Energie" la totalité de la
structure humaine qu'elle a engendrée de sa propre
substance, niveau par niveau, et qu'elle a seule le pouvoir
d'organiser en tant que niveau supérieur, il peut
sembler plus téméraire encore de lui attribuer
le même rôle à l'égard de
l'Univers.
Il l'eût été
certainement au début du siècle, alors que la
science n'avait pas encore invalidé la conception
naïve qui, avec le sens commun reconnaissait à
cet Univers une existence autonome, différente de
l'être humain et, à la matière, une
objectivité indiscutable.
Il eût été plus
utopique encore de ne se référer qu'à
la seule tradition millénaire d'une culture
étrangère, pour étayer une
synthèse à l'encontre des données du
"scientisme" d'alors.
Aujourd'hui, c'est même à
regret que nous formulons ce titre qui associe, par une
conjonction de coordination, l'Homme et l'Univers. Dans
notre esprit, il serait plus juste de traiter de
l'"Homme-Univers" ainsi qu'on le fait pour l'"
espace-temps", ou bien encore de n'employer que le terme
unique de "manifestation" qui, en sémantique se doit
de supplanter la "création" entachée de
métaphysique. La "Conscience-Energie" en tant que
structure de la "manifestation" nous eût
sernblé un titre approprié mais certainement
trop "hermétique" pour les lecteurs peu
entraînés à une "unification" aussi
apparemment désinvolte de
l'anthropogénèse et de la
cosmogénèse.
Pour qui est susceptible de concevoir
avec "bienveillance, une structure unitaire de l'homme et de
l'univers, la "Conscience-Energie" fournit la seule
hypothèse efficace et logique. Elle rend compte de la
multiplicité des découvertes scientifiques qui
submergent le savant de leur flot ininterrompu et qui, en
microphysique, ne lui permettent pas encore de les ordonner
en une théorie générale satisfaisante.
Ils attendent, disent-ils, cette "théorie
générale", cette "découverte
merveilleuse" qui donnerait un sens à ce puzzle dont
il existe déjà tant de fragments (13).
Il n'y a rien à
"découvrir", à vrai dire, mais à tenter
d'utiliser, là où elle se trouve, la
synthèse, ou mieux l'"intégration" qui,
utilisant toutes les découvertes partielles
conforines aux vérités "révélées", les incorpore dans un cadre d'ensemble qui ne
saurait en rien heurter la science moderne. Cette
dernière pose une question ultime concernant la
source première de cette énergie "
cryptogénétique " pourrait-on dire. La
réponse lui est donnée ; pourquoi ne pas la
mettre à l'épreuve à titre
d'hypothèse ou même de postulat selon la "
mentalité " du savant intéressé ?
"La physique contemporaine nous oblige
à douter de la réalité du monde
physique" nous dit Pierre Rousseau. C'est plus qu'un doute
auquel nous sommes invités, c'est un acte de foi
vis-à-vis de cette "non réalité". La
matière est, en fait, constituée de particules
qui ne sont que les points de rencontre d'"ondes de
probabilité " et qui risquent de n'être plus
qu'une singularité mathérnatique. "Pas de
particules, pas de matière, pas de matière,
pas de monde extérieur". Voilà où nous
en sommes du point de vue de la microphysique,... mais, plus
exactement, "pas de monde
extérieur indépendant de
l'observateur". Ce que nous
connaissons des phénomènes est ce qui s'en
manifeste lorsque nous intervenons. "La matière est
une image dans notre esprit" déclare
Schrôdinger (14). La notion
d'"événement" a remplacé celle
d'"élément".
Sous une autre forme, le
spécialiste de la " systématisation
énergétique", Stéphane Lupasco (15),
nous informe du processus énergétique qui
engendre l'illusion de la matière en même temps
qu'il définit la conscience sous une forme
énergétique également . "Un objet se
présente comme une systématisation
énergétique douée d'une certaine
résistance... qui confère à notre
représentation sensible l'impression de
réalité physique, consistante et opaque, que
nous appelons matière". De ce fait, "L'Univers est
pour ainsi dire un rêve dont est faite la trame du
monde ". Et, par ailleurs, "La
conscience est la réalité énergétique potentielle
elle-même; dans sa
potentialité, elle est à la fois
"causalité" et "finalité" je ne prends pas
conscience de... je suis
conscience... l'objet est dans la
conscience parce qu'il est potentialité comme la
conscience elle-même. Il n'existe pas de
dualité " sujet-objet ".
De même en ce qui concerne
l'illusion de notre matière cérébrale
"Lorsque parlant du cerveau et de localisations, on imagine
une substance corticale, une "matière nerveuse ", en
fait, il ne s'agit que de localisations de "l'énergie
dans l'énergie". Dans notre constitution humaine
coexistent trois systèmes énergétiques
de qualités dynamiques différentes,
d'où trois matières
(énergétiques) différentes. Mais, la
question se pose :
"D'où
vient cette énergie que nous sommes appelés
à postuler ? " (16).
On imagine alors aisément que la
réponse que nous proposons s'insère tout
naturellement dans une telle optique.
Les savants de l'Université de
Princeton attachent une égale importance, à la
fois à l'énergie et à la conscience, en
insistant sur l'illusion de la matière. Pour eux,
l'esprit crée une résistance sous forme de
matière et les êtres n'ont pas de corps;"ils ne
sont pas corps". La conscience est présence absolue.
Telles sont les différentes
assertions de la science moderne. Dans ces conditions,
comment pourrions-nous être dépaysés
lorsque nous lisons dans le Shakta Vedanta que
l'Univers est
énergie et que
l'Energie est
Conscience, que le
mental
humain et la matière sont
deux aspects jumeaux d'une seule
Conscience, en tant que
"pouvoir", que la dualité "sujet-objet" est une
illusion et quand un Sage hindou nous affirme par
"expérience intérieure" que "rien de ce qui
est vu n'est réel... que la vie est un rêve" ?
Nous pouvons également effectuer
sous un autre angle, les rapprochements entre la physique et
la Tradition, pour introduire la notion de "Conscience en
tant que structure de l'Univers".
Le physicien jean Charon s'est
attaché et a réussi à inclure la
théorie des quanta dans la Relativité
Restreinte d'Einstein qui postulait un "continuum
espace-temps" comme expression de la réalité
concernant l'Univers. Il eut ainsi une théorie unitaire de
l'Univers, exprimée en "
continuum espace-temps " (17 et 18).
C'est alors que nous trouvons dans le
Shakta Vedanta que le "continuum de la Conscience " est, en
tant qu'énergie primordiale l'Espace-Temps et cela,
avec l'antagonisme des deux termes "espace" et "temps" comme
dans l'"espace-temps de systématisation" de S.
Lupasco ("CIT Continuum = KALA = DIK") (Conscience Continuum
= temps = Espace). Cette assimilation de la
"Conscience-Energie " à l'espace-temps en tant que
continuum ne définit-elle pas la Conscience comme structure même de
lunivers ? (19).
Cette même Conscience étant,
par ailleurs, de la même façon, la
structure de l'organisme
humain, ne sommes-nous pas en
présence d'une théorie unitaire de
l'Homme-Univers ou de la "manifestation" ?
Nous pensons avoir donné, dans ce
bref aperçu, suffisamment d'exemples, pour
réaliser sans surprise que, si la
"Conscience-énergie" est la " clef " de la structure
humaine, elle est obligatoirement celle de l'Univers
puisqu'elles sont toutes deux, les aspects d'une même
manifestation.
Dans un ouvrage consacré au
symbolisme architectural du temple de Louxor et
intitulé " Le Temple dans l'Homme " (20), un
égyptologue n'hésite pas lui-même
à écrire : " L'Univers n'est que Conscience et
ne présente qu'une évolution de Conscience, de
l'origine à sa fin qui est retour à sa cause
". Et, plus loin "L'univers n'existe pour nous que par notre
conscience. "De même" La nature et l'Homme ne Sont
qu'un. " On reconnaît là des
déclarations inspirées par le Vedanta.
La densité de cette introduction,
fastidieuse peut-être, ne nous a pas semblé
inutile pour éviter au lecteur de se perdre dans les
digressions qui risquent, chemin faisant, d'obscurcir
l'essentiel pour un sujet aussi inhabituel et
peut-être déroutant à certains
égards.
Le dernier chapitre qui prolonge une
science de l'homme par l'exploration de l'ultime
intériorité, exclusivement subjective, se
devait, lui aussi, de figurer dans un ouvrage qui veut
traiter de l'homme "intégral ".
Quelques lecteurs trouveront
peut-être, dans ces pages, une résonance avec
leurs propres aspirations. Mais les voies sont multiples qui
mènent à la Vérité et la
meilleure est, pour chacun, celle qu'il découvre
lui-même et qui réalise sa destinée.
(1) MARCAULT (J.-E.) et BROSSE
(Thérèse). L'Education de
Demain. La Biologie de l'Esprit et
ses applications pédagogiques.
Préface de ch. LAUBRY. Paris Alcan 1939.
Bibliothèque de Philosophie Contemporaine.
20 édit. Paris Adyar 1949.
|
(2) ETVENON (Pierre). Vers une science des
états de conscience. Rapport
présenté à la 3e semaine
internationale de Yoga. Zinal 3 septembre 1975.
|
(3) BRUNO (Jean). Extase, Transe,
Expérimentation. In : " Critique" mai
1973. Pages 413 à 446.
|
(4) OSTRADER (Sheila) et SCHROEDER (Lynn).
Fantastiques recherches parapsychiques en
URSS. Paris Robert Laffont. Les
énigmes de l'Univers 1973.
|
(5) WALKER (Evan. Harris). Consciousness in
quantum theory. In : " The Journal for the
study of consciousness ". Vol. 5, no 1, p. 46, et
vol. 5, n, 2, p. 257, 1972-73.
|
(6) RUYER (Raymond). La Gnose de
Princeton. Paris Fayard 1975
|
(7) CARREL (Alexis). L'homme, cet
inconnu. Paris Plon 1935.
|
(8) HUXLEY (Julian). L'homme, cet être
unique. La Presse française et
étrangère. Oreste Zeluck. Paris 1941.
|
(9) SCHRODINGER.(Erwin). What is life?
Cambridge University Presse 1955 (préface).
|
(10) ELIADE (Mircea). Le Yoga,
immortalité et liberté. Paris
Payot 1954. p14.
|
(11) MAHA YOGA. Teachings of BAGHAVAN Sri
RAMANA MAHARSHI. by " WHO ". Sri Ramanasramam.
Tiruvannamalai 195O.
|
(12) PATANJALI (W.) Aphorismes. The Yoga
system of PATANJALI or the Ancient hindu Doctrine
of concentration of mind. By James HAUGHTON WOODS.
Harvard Oriental series. Vol. 17, p. XXX,
Cambridge, Mass. The Harvard University Press 1927.
|
(13) ROUSSEAU (Pierre). Voyage au bout de la
science. Paris Hachette 1963. P. 187 à
191.
|
(14) SCHRODINGER (Erwin). Science et
Humanisme. " La physique de notre temps".
Desclée de Brower. Textes et Etudes
philosophiques. 1954. P. 29.
|
(15) LUPASCO (Stéphane). Les trois
Matières. Paris Julliard 1960. P. 15,
16, 136, 158.
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(16), LUPASCO (Stéphane).
L'énergie et la matière
psychique. Paris Julliard 1974.
|
(17) CHARON (Jean-E.). Du temps, de l'espace
et des hommes. Edit.du Seuil. Paris 1962, P.
43.
|
(18) CHARON (Jean-E.). L'homme à sa
découverte. Edit. du Seuil. Paris 1963.
P. 49 à 53.
|
(19) WOODROFFE (Sir John). The World as
Power. Ganesh & Co. Madras. Private L.T.D.
1957. P. 310, 332.
|
(20) SCHWALLER DE LUBICZ (R.A.). Le temple
dans l'homme. Le Caire. Imprimerie Scindler
1949. P. 11, 41, 108.
|